cathédrale Saint Jérôme, Digne
été 2006
Photographies Ferrante Ferranti
Le sens spirituel de l’art dans les églises Une œuvre d’art contemporain dans une église… Cherche-t-on une nouvelle utilisation pour nos édifices religieux ? Certains, habitués à voir nos églises déjà utilisées comme salles de concert ne s’étonneront pas. D’autres, fidèles à venir célébrer et se recueillir en ce lieu, pourront s’inquiéter de cette intrusion dans le cadre de leur vie spirituelle. Mais écoutons ce que l’église nous dit d’elle-même. Elle ne veut pas se réduire à n’être qu’un chef-d’œuvre du patrimoine, ni même seulement un simple endroit propice à la méditation, les yeux fermés. L’église, dans son architecture et sa beauté mêmes, est une partie intégrante de la liturgie chrétienne. Au même titre que l’eau fraîche du baptême, l’huile parfumée, le pain et le vin de l’eucharistie. La liturgie, pour la foi des chrétiens, est constituée d’expériences sensibles dans lesquelles Dieu se donne à nous : le parfum de l’encens, le son des chants, le goût du pain, le chatoiement des vitraux deviennent réellement des expériences spirituelles, des expériences de Dieu. Dieu s’est fait homme, « le Verbe s’est fait chair », pour rendre Dieu perceptible à nos sens corporels et se donner à l’homme dans son corps, par ses sens. Un chemin de lumière s’est ainsi ouvert dans la création, dans la matière, pour qu’à travers elle, Dieu descende vers l’homme, et l’homme monte vers Dieu. Chemin de lumière qui pénètre nos sens, et qui ouvre, en celui qui s’y abandonne, un chemin secret par lequel Dieu lui-même peut nous rejoindre. Voilà l’enjeu véritable de la présence d’œuvres d’art dans une Église. Et que cette œuvre soit romane, baroque ou contemporaine, qu’elle soit là depuis toujours ou exposée temporairement, cela ne change rien : cette présence est spirituelle. L’art contemporain, dans sa vocation à toucher les sens le plus directement possible – pensons au rouge pur des vitraux de Salagon, à l’acier brut du mobilier de Bernard Venet à Château-Arnoux, … –, serait même particulièrement apte à nous apprendre à accueillir cette présence spirituelle dans l’expérience sensible. Philippe Markiewicz, moine de l’abbaye de Ganagobie
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