Avance en eau profonde, Marseille - 2013

Croiser la force d’histoire, de transmission d’empreintes de foi chrétienne, du lieu des cryptes de l’abbaye Saint Victor avec des pièces d’art contemporain telle est en cette année Marseille Provence 2013, la proposition de l’exposition : « Avance en eau profonde. »

Avec la contemplation des toiles du père André Gence, prêtre de la mission de France ayant assuré un long ministère dans le diocèse de Marseille, aujourd’hui décédé, le visiteur est invité à pousser les portes étroites de l’ombre pour découvrir la lumière, les couleurs qui habitent le cœur de l’obscur. Entrer dans le mystère de ce qui constitue, de ce qui habite la construction d’un espace, ressentir une présence, cheminer vers ce qui peut conduire à la paix et la lumière venue de l’intérieur, voici le parcours auquel la résonance des toiles et du lieu convient.

A l’image des premiers chrétiens qui avaient investi ce lieu perçu du côté de l’obscur, de la finitude pour y célébrer la foi en un Dieu dont l’amour a vaincu la mort une fois pour toutes, la peinture du père André Gence se fait sans cesse Parole de transmission d’une lumière à découvrir toujours plus présente et d’une ligne à l’épure simplifiée comme la simplicité d’un chemin lorsqu’il réalise son unité.

Quitter le nuage du chaos, inscrire un chemin dans la matière et appréhender au cœur des éléments le combat entre opacité et transparence ainsi que les rapports : dureté / fragilité, égoïsme / altérité, voila quelques éléments pour appréhender les œuvres de Chantal Giraud.

Dans la découverte d’une des pièces majeures de l’exposition, le travail sur le linceul du tombeau vide au matin de Pâques, l’artiste nous invite à une méditation sur la puissance transformatrice à laquelle l’Amour convie.

Avec ces pièces de verre transformées par le feu, sur lesquelles intervient la main de l’artiste, méditation sur la pièce d’étoffe retrouvée dans le tombeau vide par les disciples au matin de Pâques, Chantal Giraud semble évoquer combien l’opacité de la pâte humaine peut sans perdre son unicité devenir source immanente de clarté lorsqu’elle s’inscrit dans l’accueil de ce qui est souffle et puissance de vie…

En croisant le bleu des profondeurs, celui de la clarté des cieux, à la richesse des signes et symboles habitant les cryptes de saint Victor, un clin d’œil pour nous rappeler ô combien est nécessaire le rapport aux éléments de la création pour cheminer sur cette terre dont nous avons la charge…

Le sacré, constituant de la nature humaine n’a de place que dans ce juste équilibre entre intérieur et extérieur qui rend l’humain plus humain et témoin d’une sagesse et foi possibles...

Heureuse découverte à chacune et chacun.

 

Chemins croisés, Maison de la Parole, Meudon - 2011

A travers l’exposition « chemins croisés », il nous est proposé un parcours au cœur du travail de Chantal Giraud. Ce travail de création, qui mêle la peinture aux traits épurés, cristallins et la sculpture de verres transformés par le feu, entre aujourd’hui en résonance avec ce nouveau lieu qu’est la maison de la Parole au centre de la cité de Meudon… Maison de la parole, du silence, du dialogue avec l’art contemporain, désirée par le diocèse, se souhaite comme un espace où peut s’entendre et s’accueillir les différents chemins qui continuent de dire la grandeur de l’homme aujourd’hui lorsque sa capacité créatrice est mise au service de sa dignité. Se réapproprier la symbolique de la croix pour y entendre la nécessité et la subtilité des croisements qui fondent nos vies, telle est la première invitation que lance l’exposition… La Parole invitante ici, est l’œuvre de verre et de lumières de Chantal Giraud. Peintures et verres, ombres et opacités croisées viennent éclairer la symbolique jardin intérieur. Jardin où perlent d’étranges gouttes d’eau et où croissent fleurs et rosaces marquées par le temps qui s’écoule. Croiser l’autre est source d’avancées, de déplacements, autant de traversées qui invitent à se connaître davantage ; Lorsque j’approche, je croise l’autre, je côtoie et apprivoise le mystère de mon propre être ; Cette étape de l’exposition se propose comme une pause méditative sur la capacité à habiter l’intériorité, à construire son unité et cultiver son jardin intérieur, à habiter le monde aussi, croisé par le souffle de vie qui me traverse… Dans ce « chemins croisés » en découvrant le puissant travail de Chantal Giraud sur le Linceul du tombeau vide au matin de Pâques, c’est la question de l’unicité de l’être qui surgit… Magnifique sculpture de trente trois éléments, cette pièce maîtresse du Linceul constitue une parole humble, courageuse, ouverte. Le linceul de Chantal Giraud est chemin de dialogue entre l’art contemporain et la foi au Dieu de Jésus christ, une invitation à la transfiguration intérieure.

 

Un jardin de lumière, GFK, Manosque - 2011

Le temps de l'avent, le temps pour creuser l'impact de la lu-mière sur la création, le temps pour cultiver son jardin intérieur et mieux saisir l'importance de l'opacité qui l'habite... Temps de l'avent, temps privilégié pour prendre au sérieux la pâte humaine qui nous constitue. Pourquoi cela ? Simplement parce que Dieu lui-même l'a prise au sérieux. Il a choisi libre¬ment de venir habiter pleinement cette dernière. Epaisseur et densité de la matière qui nous constitue, puissance du souffle qui l'anime et qui introduit chacune, chacun sur le chemin du vivant.... Opacité et mystère qui éclairent l'innocence d'une vie à naître et qui ont besoin pour marcher en bon équilibre de notre prise en compte de la responsabilité de créateur afin de demeurer source d'unicité... Appréhender le travail de Chantai Giraud, c'est pour une part se laisser interpeller par l'unicité de chaque pièce de verre trans¬formée par la lumière à un de ces points les plus extrêmes, celui de la fusion par le feu. Découvrir une empreinte unique, se lais¬ser parler comme face à l'autre, du voyage mystérieux auquel le rapport opacité/ lumière invite chacune, chacun de nous... Pour une autre part, se laisser émouvoir par le symbole de la croisée, le symbole de la croix... Au-delà d'une volonté d'ap-partenance, d'identification ou de reconnaissance.. ..Il est des chemins croisés qui nous parlent d'altérité, de rencontres lumi-neuses,de la rencontre nécessaire pour que la vie puisse sourdre. Heureux voyage dans le jardin d'hiver, heureuse quête de la lu¬mière, heureuse révélation de l'instant à chacune, à chacun. Croire en la beauté de l'incarnation, c'est croire en la beauté de la matière, au-delà de la finitude. C'est comme une invitation au mystère....Une invitation à reconnaître que l'objet cadeau auquel le temps de noël nous invite est tellement plus qu'un objet.. .il est le témoin d'un geste d'amour, d'une relation exis¬tante, d'un plus en devenir ou d'un tangible à éclairer...

 

Dominique DESSOLIN
Aumônier des artistes  du Diocèse d’Aix et Arles

 

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