Terre de lumière
L'autre rive, Chantal Giraud,20090 / photographie Ferrante Ferranti
Terre de lumière Chantal Giraud est architecte de formation. Elle a appris sur les chantiers de Provence cet amour des matériaux bruts, lourds, proches de la terre, ces pierres sauvages si bien évoquées par Fernand Pouillon. Chantal Giraud engage tout en douceur un dialogue musclé avec des dalles de verre industriel, parfois aussi grandes qu’elle, à l'aide de sable, de terre à raku, la puissance prodigieuse d’un four à très haute température. De la terre, elle veut garder l’humus, l’humilité. Elle tient à distance cette séduction parfois trop facile du jeu de la lumière et du verre. C’est dans la matière même et à partir d’elle que s’opère une transfiguration. Ses œuvres de verre sont plus des sculptures que des vitraux. L’œil ne reste pas dans l’attente d’un événement lumineux à venir. L’expérience sensible se donne là, dans nos mains ; et encore n’est-ce pas suffisant : tels des loukoums tentateurs ces objets de verre nous attirent plus loin. Mais de l’architecte, Chantal Giraud a aussi cette attirance de l’âme pour la Jérusalem céleste, pour les mandalas et toute géométrie ou géographie sacrée marquée par la croix, le cercle et le carré. Encore n’est-ce évoqué qu’avec la plus grande retenue, et il faut voir côte à côte ses pièces de verres et ses peintures pour que cette référence cosmique devienne évidente. L’exposition proposée par la galerie Bansard, intitulée L’autre rive, a laissé de côté les polyptiques monumentaux pour traduire de façon plus intimiste une expérience de la matière : une façon personnelle d’évoquer le mystère de Pâques. Arts sacrés n°4, mars/avril 2010 |